Transports en commun gratuits : une solution efficace ou pas ?
Avec l’envolée des prix des carburants, les déplacements sont devenus un vrai casse-tête pour les Français. Outre des solutions de covoiturage pour partager les frais à plusieurs lorsqu’on ne peut pas se passer d’un véhicule, le recours aux transports en commun semble être une bonne solution. C’est la raison pour laquelle, les initiatives des communes visant à la gratuité de leurs transports publics, méritent d’être étudiées pour en mesurer les effets.
37 villes engagées
Selon les statistiques de l’Observatoire des Villes du transport gratuit, la France compte à ce jour quelque 37 villes ayant lancé ce type de mesure, ce qui représente plus de 1,5 million d’habitants concernés. La dernière commune ayant démarré une telle expérimentation est Douai dans le Nord. La gratuité de ses transports en commun y est effective depuis le 1er janvier dernier. Cette municipalité a ainsi rejoint Calais, Dunkerque, Châteauroux, Dinard, Niort ou encore Aubagne. D’autres villes planchent sur le sujet et pourraient se lancer à leur tour. C’est le cas, notamment, d’Annecy, qui devrait généraliser la gratuité pour tous sur l’ensemble de son réseau durant toute la saison estivale.
Un impact sur l’abandon de la voiture mitigé
Si l’affichage écologique est bien réel, l’impact de la gratuité des transports en commun sur l’abandon de la voiture individuelle et sur l’augmentation des déplacements des usagers, est plus difficile à mesurer. En Ile-de-France par exemple, l’effet d’une gratuité des transports collectifs est mitigé. A partir des simulations qui ont été faites, il a été conclu à une hausse de la fréquentation des transports collectifs de 6 à 10% (en voyageurs-kilomètres), dont une moitié venant de l’automobile, conduisant à une baisse d’environ 2% du trafic automobile. Ce résultat sans doute qualifié de décevant, s’explique par le fait que neuf déplacements sur dix en voiture dans cette région, n’étaient pas reportables sur les transports en commun sans perte de temps à la clé. Dans ce cas, les chercheurs qui s’étaient penchés sur la question en concluaient que les effets de la gratuité des transports collectifs sur les nuisances de l’automobile s’avéraient minimes à long terme.
Pour être efficace, la gratuité des transports doit donc se traduire par une hausse sensible de la fréquentation par des utilisateurs qui auront abandonné leur automobile (et non leur vélo ou autre solution de mobilité douce). Autre point à ne pas négliger, la gratuité des transports en commun n’est jamais totalement « gratuite ». Elle entraîne souvent un transfert de financements des utilisateurs vers la collectivité. Avec un risque de devoir décaler, quand ce n’est pas annuler, des projets d’investissements faute de moyens financiers suffisants.
